Cette exposition met en regard deux artistes qui exercent dans ce vaste territoire qu’on appelle à présent “les Afriques” : Céleur Jean Hérard (1966), artiste haïtien issu du mouvement de la Grand Rue et Nduka Ikechukwu (1997), disciple de l’école d’El Anatsui au Nigéria.
30 ans et quelque 10 000 km les séparent.
L’un, reconnu pour ses sculptures, s’exprime à présent à travers la peinture grand format. L’autre compose des tentures en trois dimensions, sculptures murales utilisant le matériau textile. Malgré ces différences, les deux artistes partagent des similitudes inattendues : une appréhension métaphysique de la couleur, qui exprime tantôt la douleur, tantôt l’espoir ; un même attrait pour les formes fluides et circulaires ; et une croyance inextinguible dans la solidarité entre les êtres.
L’exposition “Anomalie”, qui emprunte son titre au discours de Céleur sur sa peinture, intervient dans le contexte particulier que vit Haïti depuis 2010.
En janvier de cette année, un fort séisme secoue le pays, faisant presque 300 000 morts, tout autant de blessés et laissant plus d’un million de personnes sans abris. Les artistes et le milieu de l’art furent fortement touchés par la lente reconstruction qui s’amorça alors.
Aujourd’hui, la première nation à avoir déclaré son indépendance face au colonialisme en 1804 reste sans président - le dernier ayant été assassiné en 2021 - et subit la violence des gangs, voyant planer le spectre de l’état de non-droit.